Parfois, je me demande à quel âge on se sent enfin adulte.

J’ai 34 ans, j’ai vécu 1 000 vies, et je suppose que sur le papier, y’a pas à tortiller : je suis une adulte. Alors, pourquoi ai-je encore l’impression  de faire semblant ?

J’ai obtenu un diplôme, j’ai trouvé un (des) job(s), j’ai quitté un CDI pour reprendre des études, je me suis mariée, j’ai eu un nouveau diplôme, j’ai eu un enfant, j’ai créé ma boîte, j’ai acheté un appartement, je pleure mon mari, j’ai vendu mon appartement, j’ai acheté une maison, je travaille sur ma nouvelle boîte. Ce sont des trucs d’adultes, non ?

Sauf qu’une part de moi est convaincue qu’à un moment, On va se rendre compte que je ne fais que jouer à la maman avec mon fils (et encore, pas toujours très bien), que j’ai payé ma maison en billets de Monopoly (que j’aurais fauché à Monoprix), que ma première boîte, je faisais semblant (et je gagnais ma vie comme ça), et la nouvelle, encore pire, puisqu’au moins, pour la première, j’avais un diplôme (trouvé dans une pochette surprise).

Bref, On va s’apercevoir que je fais n’importe quoi. Et On va me retirer le permis d’adulte que je n’ai jamais passé. Et ça fera scandale, parce que toutes ces années, j’ai joué à être adulte sans permis. Danger public.

Quand j’étais petite, j’avais l’impression que mes parents géraient grave. Bon, c’était probablement le cas. Ou en tout cas, ils géraient du mieux qu’ils pouvaient. Surtout, ils avaient l’air de savoir ce qu’ils faisaient. De toujours savoir ce qu’il fallait faire.

En fait, quand je discute avec eux, non. Eux aussi naviguent à vue. Parfois, ils sont même plus largués que moi.

Est-ce une espèce de grand mensonge ? Une supercherie ? Comme le père Noël ?

Je me souviens que jeune ado, complètement paumée, comme tous les ados, je me projetais à 18, 20, 25 ans. Comme je gérerais, à ce moment-là ! Je serais une adulte, et je saurais ce qu’il faudrait faire. Je n’allais même jamais jusqu’à 30 ans, c’était beaucoup trop loin. Limite canonique.

Ben voilà, j’ai dépassé l’âge canonique. Que je l’aie souhaité ou non, j’ai vécu des choses d’adultes que mon moi de 15 ans n’imaginait pas. Et même pas que sur mon canapé. Et je n’ai toujours pas l’impression d’être adulte.

La vérité, c’est que je fais comme tout le monde : j’improvise au fur et à mesure. Parfois, c’est brillant, et parfois, c’est lamentable. Et au fond, même des jours comme aujourd’hui, où je trouve que je n’assure pas un radis, je dois bien me rendre à l’évidence : globalement, je ne m’en sors pas si mal.

C’est bien d’avoir des gens bienveillants autour de soi pour nous le rappeler. Si, si, vous en avez autour de vous. Écoutez-les. (Merci les copains.)

J’aime bien, quand on commence à connaître les gens et qu’ils commencent à vous révéler leurs failles, leurs peurs, leurs difficultés. Quand ils vous font l’honneur de se montrer vulnérables face à vous. Je crois qu’à ces moments-là, ils deviennent plus humains à mes yeux. Ils descendent du piédestal sur lequel j’ai tendance à placer les gens que j’aime. Mon admiration pour eux se transforme, et mon amour grandit. Pour moi, c’est un cadeau, cette vulnérabilité.

Alors, voilà : je m’appelle Eva, j’ai 34 ans, et je n’ai pas la moindre idée de ce que je fais. Mais je le fais brillamment.

6 réflexions sur “Dis, quand est-ce qu’on devient adulte ?

  1. Ah ah ! Bienvenue au club : encore une fois, j’aurais pu écrire mot pour mot ce billet, en changeant juste les chiffres, 60 ans, 3 enfants, etc… Moi aussi je suis une ado dans un corps de femme adulte, et parfois mes anciennes peurs me rattrapent, mais les amis sont là aussi pour me confirmer que je fais brillamment illusion… Merci encore à toi.

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    1. Tu sais quoi ? Quelque part, ça me rassure de voir qu’avec quelques années de plus, tu en penses la même chose… C’est signe que, comme le dit Gaëlle, on ne cesse jamais de « maturer ». Et tant qu’on mature, c’est qu’on vit 🙂

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  2. Bonjour, moi c’est Marielle 38 ans et chaque jour j’improvise ma vie…J’ai grandi, mais mon cœur d’enfant s’exprime chaque jour un peu plus et tu sais quoi? Je crois que ça me rend meilleure maman…Je dis toujours à mes enfants, une maman imparfaite qui se trompe avec tout l’amour qu’elle peut, rappelez vous toujours que c’est toujours avec beaucoup d’amour, et c’est là l’essentiel…
    Quand à ce monde d’adultes, nous sommes tous à nous dépatouiller, essayant de gagner au Monopoly, avec nos diplômes trouvés dans un paquet Bonux (ahahahaha cette référence montre à quel point j’ai dépassé l’âge d’être une enfant!!!) courant après le Bonheur…
    AHhahahaha je crois un de tes plus beau texte, j’en suis toute émue…MERCI ❤

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  3. Je crois que l’esprit n’a pas d’âge… Je ne sais pas qui je suis, mais la maturité m’a appris une seule chose : profiter de l’instant et des bons « alignements ». Souvent la vie nous amène seule là où on doit aller.

    Je ne suis pas une adulte, je ne suis pas une enfant, mais j’ai un esprit qui ne cesse de « maturer ». Et c’est chouette de temps en temps de le regarder évoluer 😀

    PS : moi aussi avant d’avoir un zenfant, je croyais que mes parents avaient la solution pour tout et qu’ils géraient tout…

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